Toutes les informations de santé se trouvant sur Internet ne sont pas fiables, exactes, ou complètes. Cette remarque est également vraie pour l'ensemble des documents écrits ayant trait aux questions de santé. Sur le fond, cette importante question n'est pas nouvelle, elle doit être simplement remaniée et adaptée aux modalités techniques de l'Internet.

Il n'est pas envisageable de censurer, ou même de contrôler, les informations de santé disponibles sur l'Internet, réseau mondial en constante évolution. C'est pourquoi il est important que chaque internaute puisse être juge des informations qu'il découvre. A la lecture d'informations de santé sur Internet, chacun doit se poser un certain nombre de questions sur la nature du site Internet visité et sur le contenu même de l'information délivrée.

Par exemple, lorsque l'on lit "le Professeur Durand a découvert un nouveau traitement contre la grippe", la crédibilité de l'information est différente s'il s'agit d'une communication faite par un organisme public ou bien par le site d'un laboratoire commercialisant le dit médicament.

 En pratique, avant de "croire" une information trouvée sur Internet, il faut se demander :

        * quelle est la nature de site Internet délivrant l'information ?
        * qui est l'auteur de l'information ?
        * à quelle date a été rédigée l'information ?
        * si l'information est exacte ou complète ?
        * si l'information a une intention commerciale ?

Comment éveiller son sens critique ?

L’importance exponentielle des informations médicales diffusées sur Internet (plus de 30 000 sites médicaux recensés au printemps 1999, dont près de 3000 francophones) remet au goût du jour un problème crucial : celui de la fiabilité scientifique des données diffusées. Cette question de fiabilité n’est ni neuve, ni spécifiquement médicale. Tout propos, qu’il soit oral, imprimé, radiodiffusé, télévisé ou désormais informatisé est susceptible d’être teinté de sincérité ou de mensonge, de clarté ou de confusion, d’exactitude ou d’erreur.

Les informations médicales disponibles sur le Web peuvent être trop nombreuses ; mal hiérarchisées et de sources souvent confuses. Sans y prendre garde, l’internaute peut d’un seul clic de souris passer d’une information universitaire à une donnée militante ou commerciale. " Le Web peut disséminer l’information de façon absurde " indique le site Internet du British Medical Journal. Aujourd’hui, même les professionnels avouent ne plus s'y retrouver. La navigation sur les autoroutes de l’information expose à bien des accidents. Pour les prévenir, l’OMS invite les institutions, les éditeurs mais aussi les lecteurs à mettre en place des " bonnes pratiques conformes aux principes énoncées dans les critères éthiques de l’OMS ".

 Identifier l’auteur et la source

Toutes informations sur Internet, devraient préciser l’auteur et la source à chaque page HTLM. Cette signature, déjà d’usage dans la presse médicale, doit être répétée le plus souvent possible. L’auteur ne doit pas se contenter d’une seule citation au début de l’arborescence puisque Internet donne accès à l’information non pas de façon linéaire (du début à la fin), mais au milieu d’un chapitre ou d’un paragraphe grâce à un lien (c’est ce qu’on appelle la lecture non séquentielle). En conséquence, chaque page pouvant être indépendamment imprimée, devrait mentionner son origine.

 Afin de garder son sens critique, chaque lecteur doit se poser les questions suivantes:

- Quel est l’auteur ?
- Quelle est son affiliation ?
- Quelle est la nature du site : Universitaire ? commerciale ? Institutionnelle ? Associative ? (et si oui : association de malades ? de professionnels de santé ?) ;
- La rédaction du site obéit-elle à un comité de lecture ? (et si oui, quels sont sa composition et son fonctionnement ?)
- Le propos est-il clairement référencé ?
- L’information diffusée a-t-elle bénéficié de crédits ? Prête-t-elle à un conflit d’intérêts ?

Connaître les dates de rédaction et de mise en ligne

L’actualisation des données sur Internet est une question importante compte tenu de la courte demi-vie des informations médicales (en d'autres termes, certaines informations peuvent être rapidement périmées ou obsolètes). Comme pour les règles déjà en usage dans la presse spécialisée, il est indispensable d’informer le lecteur sur la date de rédaction de l’article. A cette précision, devraient s’ajouter la date de mise en ligne et la date de mise à jour.

Mesurer la portée des liens

Il est légitime de penser que l’existence d’un lien d’un site vers un second soit interprété comme un certain degré d’approbation, voire une recommandation de qualité. Mais autant le support écrit renvoie le lecteur à une bibliographie limitée et précise, autant la création d’un lien Internet ouvre la porte à un certain degré d’inconnu puisque chaque site est en constante évolution. Lorsqu’un lien a un sous entendu commercial, ceci devrait être clairement spécifié.

 Cependant mesurer la portée d’un lien n’est pas simple comme l’illustrent ces deux exemples:

- Consultons un texte Internet donnant des conseils médicaux pour les voyageurs. Ces informations que vous jugez crédibles proposent un lien vers un autre site spécialisé dans les recommandations aux voyageurs. Vous y trouvez la description du contenu d’une trousse médicale de voyage. Le nom commercial d’un antiasthmatique est cité, sans que l'existence de médicaments concurrents ne soit citée. Sur quel critère s'est faite cette sélection ? Pourquoi ne pas penser à une influence commerciale ? S'agit-il seulement du produit le plus couramment prescrit ? Comment savoir ?

 - Découvrons un autre site A sur les vaccins créé à l’initiative d’une institution publique. Ce site Internet expose son point de vue et propose un lien vers un site B jugé "politiquement correct ". Mais ce site B peut lui même créer un lien vers un site C, réalisé par une association hostile aux vaccinations qui condamne vigoureusement les vues du site A. On aurait à l’évidence tort de penser que A recommande C ...

Si une proposition de lien hypertexte peut effectivement suggérer un certain degré de reconnaissance, chaque internaute doit comprendre que l’établissement d’un lien sur Internet ne peut pas avoir de valeur de caution. C’est à juste titre que le site du ministère de la santé de l’Ontario (Canada) précède tous ses liens de cet avertissement : " Vous êtes sur le point de quitter le site web du Ministère de la santé. Les liens avec d’autres sites énumérés ci-dessous ne sont fournis qu’à titre d’information et ne sont pas sous la responsabilité du gouvernement de l’Ontario ". Une telle formulation devrait être plus souvent employée. En France, depuis Juin 1998, le site du Secrétariat d'Etat à la Santé s'y applique. Il en est de même avec les sites des institutions publiques réunies sous l'adresse sante.fr.

 Un nouveau mode d’écriture et de lecture

Les règles éthiques qui prévalent lors de la rédaction d’informations médicales imprimées constituent d’excellents guides pour concevoir des recommandations d’écriture sur Internet. Cependant les différences de formes, la surabondance de l’information, la facilité pour l’internaute de " surfer ", sinon de se perdre d’un site à l’autre, justifient de la part des lecteurs, comme des rédacteurs d’un redoublement de vigilance. Les informations médicales sur Internet n’étant pas contrôlables, il revient aux internautes d’être très attentifs : " Tout site qui ne respecte pas les règles doit être considéré comme suspect ".